Clarence Reid AKA Blowfly, de la Soul de velour au rap salace.

Chanteur, parolier et producteur, Clarence Reid, tout comme David Bowie et George Clinton, a de multiple personnalités musicales. La première fut celle d’un chanteur de Southern Soul, né, en 1945 à Cochran, dans l’état de Géorgie et qui enregistra pour le label TK Records de Henry Stone. Quelques un de ses singles entrèrent dans les charts Américains : Nobody but you Babe en 1969, Good old days en 1972, ainsi que Funky Party en 1974. Dans le même temps il produit certains hits de Betty Wright, dont le désormais classique Clean Up Woman. Il co-écrit et co-produit également l’album Rockin Chair de Gwen McCrae sortie en 1975, qui atteindra le Top Ten Pop la même année.

Reid aida enfin Richard Finch à obtenir un emploi avec TK Records et introduisit Harry Wayne K.C Casey au Junkanoo (musique festive venu des Bahamas et des Iles Turques-et-Caïques également présente Miami où une partie de la population Afro-Américaine a des origines Bahamiennes) qui deviendra la base du nouveau son du célèbre groupe de Casey et Finch, KC and the Sunshine Band.

Grâce aux succès de ces groupe, et à l’influence de TK records vers le milieu des années 70, beaucoup reconnaissent aujourd’hui l’impact majeur de Reid dans le Miami Sound et, un peu plus tard, sur l’émergence du mouvement disco.

Blowfly est le deuxième personnage incarné par Clarence Reid au début des années 1970. Celui-ci représente ses penchants malsains et pervers. Reid réutilise alors le surnom que lui a donné son grand père dans les années 60, lorsque celui-ci surprend l’adolescent entonnant des paroles salaces sur un morceau populaire. Il déclare alors que son petit fils est «nastiest than a blowfly » (plus mauvais qu’une mouche à viande).

Reid n’a jamais perdu son gout prononcé pour la parodie les tubes du Hit-parades. Et après en avoir fait profité ses amis, il décide de reprendre son surnom d’adolescent et de rentrer en studio en 1981 pour y enregistrer son premier album sous le nom de Blowfly “The weird Word of Blowfly”. Comme le label TK records de Stone ne peut pas se permettre de sortir l’album, Reid décide de le faire lui-même. La pochette de l’album faite maison, reste un mélange de délire et de mauvais gout (je vous laisse juger par vous-même). Ce premier album donne le ton de la série d’albums que Reid sortira par la suite sous ce pseudonyme.

Distribués sur le même circuit underground que les albums Dolemite de Rudy Ray Moore, les albums de Blowfly deviennent rapidement particulièrement populaires. Même si tout le monde savait que Blowfly était Clarence Reid, il apparaissait toujours sous couvert de costumes étranges sur ses pochettes. Sa réticence à être publiquement identifié comme Blowfly tenait non seulement au fait qu’il portait un lourd bagage chrétien, mais également afin d’éviter les persécutions des membres de l’ASCAP (American Society of Composers, Authors and Publishers).

Blowfly accède au statut d’icône au travers d’albums sortis dans les 70, 80 et 90 et qui furent reconnus comme des disques de soirée. Les chansons de Blowfly à références sexuelles et scatologiques comme : “Shitting on the dock of the bay”, “Suck around the Clock, devinrent si populaires que l’un de ses albums « Blowfly’s party » atteint la 82ème place du Bilboard 200 des albums.

Il aurait pu en rester là, et simplement profiter de son talent pour soigner ses relations publiques dans l’industrie du disque. Mais le destin en a voulu autrement pour diverses raisons. Tout d’abord, Reid a connu les déboires de beaucoup de visionnaires flambeurs de l’époque et, peu de temps avant le regain d’intérêt pour le funk et la soul, il avait revendu ses droits d’auteurs pour des sommes dérisoires. Du même coup, Blowfly a progressivement pris le pas sur Clarence Reid, au point de devenir un projet de vie. Depuis 1969, année bissextile, le superman de la gaudriole a sorti près de 25 albums. Enroulé dans sa cape de super héros, il continue à vanter avec la même fougue son faible pour les turlutes et les chatons.

Dans son documentaire sorti en septembre dernier, Jonathan Furmanski dépeint l’univers baroque et pas toujours ragoûtant de ce Russ Meyer du R’n’B. En suivant Reid au quotidien et en rassemblant les témoignages de fans devenus illustres, de Jello Biaffra à Ice Cube, ce documentaire paye un tribut au clown dirty qui ne veut pas tirer sa révérence. D’ailleurs, le sort de Blowfly n’est pas au pathétique qu’on pourrait l’imaginer et il connaît même un certain regain d’intérêt ces dernières années.

Voici une sélection des productions de Clarence Reid et Blowfly à télécharger ici

Tracklisting :

1-      Betty Wright, Clean up woman
2-      Clarence Reid, Nobody but you babe
3-      Blowfly, Blowfly’s rap
4-      Gwen McCrae, It keeps on raining
5-      Clarence Reid, The truth
6-      Blowfly, Funky Party
7-      Clarence Reid, Masterpiece
8-      Gwen McCrae, 90% of me is you
9-      Blowfly, Shake your ass
10-   Clarence Reid, It’s good enough for daddy
 
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