Al Green, le Pasteur Soul

Né le 13 avril 1946 à Forrest City, Arkansas et sixième enfant d’une nombreuse famille de métayers, Al Green commence sa carrière musicale à l’âge de 10 ans au sein du groupe de Gospel The Greene Brothers. Le groupe tourne dans le circuit Gospel des régions du Sud et du Midwest des Etats-Unis dans les années 50 jusqu’à ce que la famille Greene déménage dans le Michigan. Quelque temps plus tard, son père lui interdit de participer au projet The Green Brother après l’avoir surpris en train d’écouter de la « musique profane » de Jacky Wilson. A 16 ans il forme son propre groupe Al Greene and the Creations avec des copains de fac. Après la création d’une maison de disque par deux des membres du groupe et après s’être renommé Al Greene and the Soul Mates, leur premier et ultime album Back up train sort en 1967.

En 1969, Al Green rencontre celui qui allait devenir son plus fidèle collaborateur musical. Alors leader d’un groupe, producteur et président du label HI Records, Willie Mitchell. Impressionné par la voix de Green, Mitchell ne tarde pas à le signer sur son label. Il devient alors son producteur et son compère d’écriture pour les 8 années à venir. Mitchell permet à Al Green de trouver sa propre voix, alors qu’il n’avait fait jusqu’à présent qu’imiter ses idoles, à savoir Jackie Wilson, Wilson Pickett, James Brown ou encore Sam Cooke.

L’album Green is Blue sorti en 1970 permet de faire connaissance avec le son qui caractérisera tous les disques que Green produira avec Mitchell, à savoir des rythmiques simples mais énergiques surfant sur des rifs de cuivres et de cordes tamisés, et sur lesquels flotte le remarquable falsetto d’Al Green. Malgré un succès mitigé, Green is Blue reste la rampe de lancement de son deuxième album Al Green Gets Next to you (1970) qui contient son premier succès, Tired of Being Alone. Suivent les albums Let’s Stay Together en 1972 et I’m Still in Love With You quelques mois plus tard. A la sortie de son album Call me en 1973, Al Green est déjà connu à la fois comme un vrai  « Hit Maker» et comme un artiste qui enchaîne des albums excellents et acclamés par la critique.

En 1974, au summum de sa popularité, un événement va orienter Al Green dans une nouvelle voie. Son ex petite amie Mary Woodson avec laquelle il refuse de se marier entre par effraction dans sa maison de Menphis et déverse du gruau de maïs brulant sur le chanteur alors dans son bain. Celui-ci sera brulé au second degré dans le dos, le ventre et les bras. Mary Woodson se suicidera dans la foulée devant ses yeux d’une balle dans la tête. Al Green interprète cet épisode comme un signe de dieu et décide de rejoindre le ministère. En 1976 il achète une église à Memphis et est ordonné pasteur du Full Gospel Tabernacle. Il continue cependant à produire des disques de R&B avec Willie Mitchell : Al Green is Love (1975), Full of Fire et Have a good Time (1976). Ses albums deviennent cependant trop conventionnels et teintés du disco naissant ; les ventes ne suivent plus.

Ses albums des années 1980 sortis sur le label Myrrh ne contiennent que des chants religieux mixant Soul de Menphis et Gospel.

Green réintègre le R&B à la fin des années 80, grâce notamment à son duo avec Annie Lennox, chanteuse d’Eurythmics pour la BO du film de Bill Murray, Scrooged. En 1992, il enregistre son premier album exclusivement soul depuis 1978, Don’t Look back. Ceci avec l’aide des producteurs Andy Cox (Fine Young Cannibals) et Arthur Baker (producteur de l’album Planet Rock d’Afrika Bambaataa). En 1995, Al Green entre au Rock and Roll Hall of Fame.

Dans les années 2000, Al green relance sa carrière et renoue avec son comparse Willie Mitchell et son groupe des années 70 pour l’album I can’t stop sorti en 2003. L’album rencontre un franc succès. En 2008, sa collaboration avec le batteur du groupe The Roots, Ahmir « ?uestlove » Thompson et le claviériste James Poyser, lui permet d’enregistrer des duos avec des artistes contemporains tels que John Legend, Corrine Bailey Rae ou encore Anthony Hamilton. Lay it Down propose un son renouvelé mais qui reste un écho certain au groove de ses albums de soul classique des années 70. Cet album sera celui qui rencontrera le plus de succès en 35 ans.

Al Green fut le premier chanteur soul des années 70, et sans doute le dernier des chanteurs de Southern Soul. Il incarne plus encore que ses prédécesseurs Sam Cooke et Otis Redding, le mélange de musiques sacrée et profane dont est composée la Soul. Ses productions pleines de styles et impeccables en termes de rythmiques ajustées au cordeau, de chœurs sexy et de lignes de cuivres luxuriantes ; ont influencées non seulement ses contemporains, mais également des artistes chevronnés tels que Marvin gaye. Ce style emblématique développé par Al Green et Willie Mitchell demeure une référence pour tous les amateurs de musique Soul. En 4 mots Le Son HI Records. Même si il ne faut pas négliger des artistes comme Ann Peebles, Syl Johnson ou encore OV Whrigt, qui feront eux aussi la grandeur du label HI Records. Al green demeure à 66 ans grâce à ses albums récents qui restent proche du son soul de Memphis et à ses concerts (pour l’anecdote, il continu à distribuer des roses aux femmes du public comme il y a 30 ans) un grand Monsieur de la Soul.

Gets next to you sorti en 1971
Tired to be Alone
 
Lets stay Together sorti en 1972 chez HI Records
Lets stay Together
 
 
I’m still in Love with you sorti en 1972
I’m glad you’re Mine
 
Call Me sorti en 1973
You Ought to Be with Me
 
Al Green explores your mind sorti en 1974
Take me to the River

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