Wax poetics N°46 out now

Au sommaire de ce  numéro 46 de Wax Poetics

George Benson est entré dans le business de la musique comme un enfant chanteur. Ne se considérant pas comme un simple joueur de guitare, il aiguise cependant ses techniques de musicien de jazz avec Jack Mc Duff et Lonnie Smith dans les années 1960. Ses productions  solos ou en tant que sideman avec Columbia et CTI permirent à Benson de développer la plus éminente tonalité de guitare dans le monde du jazz. En 1975 il signe avec Warner Brothers and devient un chanteur de bonne foi et une pop star, l’aidant par la même occasion à concevoir un jazz smooth…

George Benson: Take Five extrait de l’album Bad Benson sorti en 1974: Reprise funky du classique Take Five écrite par Paul Desmond en 1959 pour l’album Time Out du Quartet de Dave Brubeck, dans un style fluide et précis qui le caractérise tant.

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Billy Cobham est le plus technique et discipliné des batteurs qui reste aujourd’hui encore dans l’ombre. Depuis son aventure en tant que co-fondateur du groupe Mahavishnu Orchestra jusqu’à sa carrière de batteur leader, ses rythmes précis ouvriront non seulement la voie du jazz fusion mais aiderons aussi le genre à rester solide et funky. Miles Davis, John McLaughlin, George Duke et même les rappeurs de Soul of Mischief ont tous Cobham et son impérieux travail de batteur à remercier…

Billy Cohbam: Spectrum extrait de l’album Spectrum sorti en 1973: De la maitrise et de la précision. Billy Cobham au sommet de son art.

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Le claviériste George Duke commença son éclectique carrière en jouant avec le groupe de Franck Zappa (Mother of Invention). Il conquit ensuite la scène jazz funk sur le label Allemand MPS. Après un désormais légendaire et cours épisode avec le batteur Billy Cobham, Duke se forgea un nouveau sentier et maîtrisa les charts R&B avec des rythmes funk excentriques.

The Billy Cohbam – George Duke Band: Hip Pockets extrait de l’album « Live » on tour in Europe sorti en 1976: Un excellent exemple de jazz fusion alliant rythmiques précises et ciselées et nappes spaciales et psychédéliques. Le tout en Live, un must!

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+ Norman Connors, Nostalgia 77… et ses fameuses rubriques Re-Discovery, Record Rundown.

Le magasine Wax Poetics est disponibles dans les boutiques spécialisées telles que Betinos, The Lazy Dog

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Herbie Hancock Story Volume 1: 1969 – 1979 Une décennie d’explorations musicales

Du Jazz au Jazz Funk

Herbie Hancock reste l’une des figures les plus respectée mais aussi les plus controversée de l’histoire du jazz, tout comme l’était son mentor le défunt Miles Davis. La raison en est, qu’il a toujours osé dépasser les barrières du jazz traditionnel. S’appuyant sur une solide formation de piano classique et d’un talent certain pour jouer le jazz et le rythm ‘n blues, Herbie Hancock n’a cesse de zigzager entre les courants musicaux et de faire la navette entre les differents courants électroniques, jazz classique et R&B à travers le dernier tiers du 20e siècle.

Passée la période post-bop, Hancock accompagnera Miles Davis dans l’exploration des instruments électriques. La rencontre avec Betty Mabry (future Mme Davis) sera déterminante pour Miles Davis. En découvrant Jimi Hendrix, qu’elle lui présentera, ainsi que James Brown et Sly and The Family, son parti pris électrique éclate bientôt au grand jour. En commençant par le studio, où il proposa à un Herbie Hancock surpris de jouer sur un Fender Rhodes et de l’utiliser pour l’enregistrement du prochain Miles in the sky, en 1968. Avec lui, Joe Zawinul et Chick Corea seront les pionniers de l’introduction des sonorités électriques, offertes par le piano Fender Rhodes, et électroniques, caractéristiques du synthétiseur Moog, dans le monde du jazz. Cet abandon des sons classiques choquera plus d’un puriste et critique jazz.

Apres avoir quitté Miles Davis en 1968, Herbie Hancock enregistre en 1969 un élégant album funk: Fat Albert Rotunda  pour une émission télévisée de Bill Cosby.

Cet album sera pour lui le point de départ d’une décennie dédiée à la recherche et à l’exploration musicale mêlant jazz, rock, R&B, Funk et sonorités électriques. Le sextet qu’Herbie Hancock forme en 1969 avec avec le saxophoniste Bernie Maupin (Billy Hart à la batterie et bassiste Buster Willliams à la basse) produira trois albums jusqu’en 1972 : Mwandishi, Crossings et Sextant qui achèvera la session. Désormais définitivement engagé dans le nouveau mouvement électronique Jazz funk qui envahi le monde, Herbie Hancock  ajoute en 1971 le synthétiseur de Patrick Gleeson à son piano électrique a pédale fuzz-wah. Ses enregistrements acquièrent dès lors une dimension spatiale. Les morceaux s’avèrent également plus complexes tant d’un point de vue rythmique que structurel.

Fan de James Brown et de Sly and the Family Stone, Herbie Hancock s’oriente désormais vers un jazz électronique très inspiré du funk. En 1972, Herbie Hancock, ainsi que Bennie Maupin, participent à l’enregistrement de On the corner de Miles Davis. Herbie forme alors le célèbre groupe les Headhunters et en 1973 enregistre Heat Hunters, un énorme succès qui devient le premier album jazz disque de platine. Avec son single d’influence Sly Stone: Chameleon, cet album et le suivant (Thrust en 1974) démontreront que Herbie Hancock ne sera jamais catégorisé.

Avant de revenir à un jazz plus acoustique, Hancock invite Johnny Guitar Watson, le futur guitariste de Funkadelic, Blackbird McKnight et Stevie Wonder, pour enregistrer Man-Child,  l’un des albums les plus funky de la période Jazz Funk fusion.

En 1975 Hancock et ses acolytes des Headhunters enregistrent le live de référence de la période Jazz Funk : Flood. Les titres principalement repris des albums Head Hunters, Man-Child et Thrust sont magnifiquement interprétés par un Hancock au meilleur de sa forme derriere son Fender-Rhodes Mark I.

Retour aux sources

Dans le même temps, hancock refuse d’abandonner le jazz acoustique et décide de réunir le Quintet de Miles Davis de 1965 (Hancock, Ron Carter, Tony Williams, Wayne Shorter et Freddie Hubbard à la place de Miles Davis) au festival de Jazz de New Port de 1976 sous le nom de V.S.O.P. Cette réunion universellement acclamée prouve que Hancock n a rien perdu de son talent de jazzmen classique.

En dehors de sa participation au sein de V.S.O.P, Herbie Hancock apparaît sur scène lors de duos acoustiques nottament avec les pianistes Chick Corea 1978 (An Evening With Herbie Hancock and Chick Corea), son successeur claviériste au sein de la formation électrique de Miles Davis ou encore Oscar Peterson. Sunlight (1978), avec une apparition de Jaco Pastorius à la basse, produit au Japon, clôturera cette décennie vouée à l’expérimentation musicale et à la redécouverte du Jazz classique.

Vers de nouveaux horizons…

A la fin de la décennie 70s, Herbie Hancock abandonne les deux synthétiseurs ARP de l’époque Headhunters pour adopter quelques 14 instruments, ce dès Mr Hands (1980). Ce dernier, ainsi que Magic windows (1981) et Lite me up (1982) prennent une tournure très disco que ses fans lui reprocheront. Départ pour de nouvelles aventures musicales pour le caméléon du piano.  A suivre…

Tracklisting:

Fat Albert Rotunda tiré de l’album Fat Albert Rotunda (1969)

Sleeping giant tiré de l’album Crossings (1971)

Chameleon tiré de l’album Heat Hunters (1973)

Hang Up Your Hang Ups tiré de l’album Man-Child (1975)

Darts tiré de l’album V.S.O.P. The Quintet (1977)

Spank-A-Lee tiré de l’album Flood (1975)

Speak like a child tiré de l’album Jaco Pastorius (1976)

Mix à écouter ou télécharger ici

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Gnonnas Pedro roi de l’agbadja beat

Surnommé le « Baobab de la musique béninoise », Gnonnas Pedro a commencé sa carrière en se faisant remarquer dans les Night Clubs de Cotonou pour ses talents de danseur. Repéré par un patron d’établissement qui lui propose de profiter des instruments de son groupe, il se lance dans l’exploration musicale avec certains de ses amis et déserte définitivement les bancs de l’école.

Inspiré par El Rego et Ignacio Do Souza, il effectue ses grands débuts au sein des Los Panchos de Cotonou, dominant de son immense talent la scène afro-latine béninoise jusqu’à son décès en 2004. Il est accompagné au cours des années 1970 par le Dadjès Band avec lequel il enregistre l’un de ses titres les plus célèbres, « Dadjè Von O Von Non » (La première version de ce classique de la musique béninoise fut édité sur le label Riviera de Gilles Sala en 1965). Gnonnas Perdo popularise le style agbadja, du nom d’un célèbre tambour qu’il associe à ses influences afro-cubaines et qui va devenir la base rythmique de sa musique, appelé l’agbadja beat.

En 1972, l’officier Mathieu Kérékou prend le pouvoir : il adopte en 1974 le socialisme scientifique guidé par le marxisme-léninisme comme idéologie officielle du Dahomey et, en 1975, rebaptise le pays République populaire du Bénin. Gnonnas Pedro tout comme les autres artistes béninois doivent supporter le mouvement et se lance dans la production de chansons patriotiques: « Dahomey d’hier, Bénin d’aujourd’hui, je suis fière de toi, c’est pour cela que je suis resté« . L’un de ses morceaux, Sodabi (qui signifie alcool dans la langue Fon) fut cependant interdit par le président car louait les bienfaits de la bière comme étant la meilleure boisson du pays.

Les années 70s furent extrêmement productives pour Gnonnas Pedro qui devient un compositeur accompli et enchaîne une série de Hits dont certains sont édités sur le label Nigérian African Song (connu pour avoir sorti certains des meilleurs disques de King Sunny Ade). Il tourne dans toute la région et sa passion pour la salsa est récompensée en 1995 lorsqu’il devient l’un des chanteurs d’Africando, le grand projet afro-cubain du producteur Ibrahim Sylla.

Gnonnas Pedro fut diagnostiqué d’un cancer en 2003. Mais du fait du cout élevé du traitement, il décide d’ignorer la maladie et de continuer ses tournées avec Africando. Son traitement ne commencera qu’un an après en mai 2004. En aout Gnonnas demande à pouvoir rentrer dans son pays pour y finir ses jours. L’avion atterri à Cotonou le 11 aout à 9H30, et Gnonnas Pedro s’éteint le lendemain matin à l’age de 61 ans.

Le morceau « La musica en vérité » est extrait de l’album, Gnonnas Pedro and his Dadjes band vol 1.


Le morceau « Adigbedoto » est extrait de l’album, Africa Boogaloo.



Le morceau « Yiri Yiri Boum » est extrait de l’album, El Cochechito.



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Youssou N’Dour et L’Étoile de Dakar, Ambassadeurs du Mbalax

Il s’agit de l’histoire de deux voix. L’une haut perchée et sidérante de Youssou N’Dour, presque surnaturelle et l’autre plus dure et rauque de El Hadj Faye. Deux voix qui semblent appartenir à des expériences sensorielles différentes. Lorsque vous les mettez ensemble, accompagnées d’un rythme latin, de guitares électriques et de cuivres, vous obtenez un son qui aura transformé le paysage musical à Dakar et au Sénégal à la fin des années 70 et engendré un véritable phénomène socioculturel.

Il s’agit de la naissance de l’Etoile de Dakar, qui représenta le lien entre le vieux monde des night club Sénégalais (le Miami, le Baobab club…) et le nouveau monde des superstars africaines. Leur style, savant mélange de rythmes africains, latins et psychédéliques sera connu plus tard sous le nom de Mbalax. Car même si au Sénégal à la fin des années 1970, les rythmes Afro-Cubains ont toujours les faveurs du public, le Mbalax s’impose rapidement comme une vérité naturelle. Il est joué par plusieurs percussions: les tampours sabars aux sons aigus, les mbeung mbeung au son médium et le lamb au son de basse. Au cours des années 1980, le Mbalax, le soukous et le son des ghettos de Soweto, en Afrique du Sud, seront les trois grands courants musicaux africains.

Issu de la scission du Star Band et bénéficiant de sa section rythmique, L’Étoile de Dakar devient un écrin de rêvé pour la jeune voix de Youssou N’Dour. Sous son impulsion et celle des musiciens qui l’entourent, dont certains sont à peine plus âgés que lui (20 ans à l’époque), le groupe modernise considérablement le style sénégalais. Comme tous les orchestres du pays, L’Étoile de Dakar enregistre dans les conditions du direct, avec le plus souvent un micro pour les chanteurs et un autre pour les musiciens. Youssou N’Dour tout comme El Hadj Faye déploient des trésors d’assurance vocale, les deux voix se complétant à merveille. 

Le morceau Khaley est extrait de la compilation « Once Upon a time in Senegal: The birth of Mbalax 1979-81« , qui  capture ce bref mais indispensable moment musical à travers 23 titres tirés des 6 albums qu’ils enregistrèrent pendant cette période. Musique brute construite d’arrangements de percussions complexes de sections de cuivres Jazzy et de fortes influences Cubaines, cet album donne des indications sur les racines créatives de l’un des plus grands artistes Africains. Très loin de sa production  lisse des années 80 qui culminera avec le Hit « 7 seconds » en duo avec Neneh Cherry.

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Daptone Records: Pourvoyeur de soul vintage

Après avoir lancé des artistes comme Sharon Jones ou encore Naomi Shelton, le label de Brooklyn Daptone Records continu sur sa merveilleuse lancée et nous livre aujourd’hui une nouvelle perle rare soul’n’blues, le dénommé Charles Bradley, un vétéran magnifique de 62 ans à la voix renversante, sorti de nulle part après une vie d’errances à travers les États-Unis.

Charles Bradley ne chante pas la soul, il la vit, nourri par une existence qui en a vu. Du Maine à l’Alaska, il a sillonné le pays de l’Oncle Sam, enchaînant les petits boulots plus ou moins pourris, chantant ici et là et se produisant pendant son temps libre durant plusieurs décennies. De ses interprétations transpire ce vécu, à travers une voix unique au timbre rugueux, à la beauté poignante, et dotée d’une énergie brute intense. Pas de doute, on tient là un incroyable chanteur, un « screamer » soul de grande envergure qui n’est pas sans rappeler un certain James Brown.

La voix de Charles Bradley bénéficie en plus d’un écrin musical clairement à la hauteur de son talent. Des compositions ciselées de main de maître, soutenues par une production vintage aux petits oignons qui capte l’essence même du genre. Section rythmique au cordeau, guitares aux accents funky, cuivres chaleureux, touches d’orgue Hammond, tout y passe. Un son qui trouve ses racines dans les références en la matière, les légendaires Stax et Motown.

C’est à Thomas Brenneck, guitariste des Dap Kings, de Budos Band et de The Menahan Street Band, qu’on doit cette découverte marquante. Également producteur, il a décidé de faire paraître le disque de l’illustre inconnu sur son label Dunham Records, structure faisant partie de Daptone Records, après lui avoir fait bénéficier des services de leurs studios et de leurs musiciens de renom. Résultat de cette fructueuse collaboration, un album de très haute tenue, une pépite soul à l’ancienne. Une musique bien rétro mais qui renvoie à leurs chères études la flopée d’artistes estampillés hâtivement nu soul. L’album est d’une grande homogénéité, mais s’en dégagent quand même quelques titres. On pense en premier lieu au single et titre d’ouverture « The World (Is Going Up in Flames), au groove imparable, ou à « Golden Rule » qui semble tout droit sorti d’une BO de film Blaxploitation des années 70. No Time for Dreaming est un disque enflammé, vibrant, sensuel, qui annonce l’aube d’une carrière à surveiller de près. Ce Charles Bradley est en tout cas un bon moyen de croire encore très longtemps en l’avenir de ce style musical.

Charles Bradley se produisait le 17 février dernier à la Maroquinerie accompagné de son backing band The Menahan Street ainsi que de Lee Fileds and the Expressions (autre artiste qui véhicule une soul vintage et authentique depuis maintenant 30 ans), extrait:

Vous trouverez ci dessous une sélection de morceaux Soul Vintage contemporaine (« Qui? Ben l’Oncle Soul? Ah non désolé connais pas… »)

Sharon Jones and the Dap Kings: »I’m not gonna cry »  sorti en 45s en 2007 sur le label Daptone Records:

Naomi Shelton & the Gopsel Queens: « What have you done » extrait de l’album « What Have You Done, My Brother? » sorti en 2009 sur le label Daptone Records:

 

Lee Fields: « Ladies » extrait de l’album « My world » sorti en 2009 sur le label Truth and Soul:

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Isley Brothers: Du Rhythm and Blues, de la Soul et plus encore

Fondé au début des années 1950, The Isley Brothers reste l’un des groupes de la musique Populaire Noire Américaine dont la longévité, l’influence et la diversité restent les plus grandes. La carrière du groupe s’étend sur prêt d’un demi-siècle. Cette éminente carrière couvre non seulement deux générations d’Islesy mais enjambe également des mouvements culturels primordiaux qui précédèront les transformations de leur musique. Les Isley Brothers passèrent du Rhythm and Blues, à la soul style Motown et au Funk cinglante.

La première génération des frères Isleys est née et fut élevée à Cincinnati dans l’état de l’Ohio. Leur père (lui même chanteur professionnel) les encouragea à se lancer dans une carrière musicale et leur mère (une pianiste d’église) les accompagna lors de leurs premières prestations. Initialement un quartet gospel, le groupe était composé de Ronald, Rudolph, O’Kelly, et Vernon Isley. Après la mort de Vernon en 1955, Ronald pris la place de chanteur principal du trio. Remarqué par un cadre du label RCA lors de l’une de leur prestation à Washington DC en 1959, ils enregistrent leurs premiers singles dont « shout » mais qui ne parviennent pas à se hisser dans le Top 40 pop Américain. Ce morceau sera cependant par la suite régulièrement repris. Leur reprise du morceau « Twist and shout » du groupe « The Top notes » n’eut pas beaucoup plus de succès. Ce n’est que lorsque The Beatles s’en empare en  1963 que le morceau connaîtra un large succès commercial.

En 1964, ils recrutent pendant une tournée un certain James qui plus tard deviendra célèbre sous un autre nom: Jimi Hendrix. Après avoir signé sur la filiale de Motown, Tamla en 1965, ils manquent de peu le Top ten pop Américain avec le morceau « This Old Heart of Mine (Is Weak for You) ». Ce morceau connaît cependant un succès en Angleterre ou le groupe décide de s’installer afin d’entretenir cette notoriété naissante.

De retour aux Etats Unis en 1969 ou ils ressuscitent leu label T-Neck, ils sortent l’album « Its your thing« . Qui grâce à sa production très funky propulse enfin les Isley Brothers sur le devant de la scène (l’album atteindra la 2ème place des charts). La même année deux nouveaux membres rejoignent le groupe dont Chris Jasper. Désormais mené par Ernie Isley, le groupe incorpore de plus en plus d’éléments rock dans ses compositions.

En 1973 le groupe connaît son deuxième plus grand succès avec la reprise rock-Funk-Fusion de leur propre single « Who’s that lady » renommé « That Lady, Pt 1″. L’album dont il est tiré « 3 + 3 » ainsi que le suivant (The Heat is on) connaîtront des succès massifs. Alors que la décennie touche à sa fin, le groupe ajuste ses productions afin de coller au marché du Disco naissant. Et tandis que les radios pop boudent de plus en plus les productions des Isley Brothers, ils continuent à toucher les tops des charts R&B. Mais en 1984, Chris Japser et Ernie et Marvin Isley quittent le groupe et forment Isley Jasper Isley.

Malgré les projets solos sans succès des différents membres de la famille, the Isley Brothers continuent de produire des albums pendant les décennies 90 et 2000. N’hésitant pas à inviter sur certains de leurs morceaux des célébrités du mouvement R&B tels que Jill Scott ou encore Raphael Sadiq. Nombreux sont les morceaux du groupe qui sont aujourd’hui repris et son influence sur la musique Populaire Noire Américaine est définitivement acquis.

Le morceau Shout est extrait de l’album Shout sorti en 1959.

 

 

Le morceau Sweet Season-Keep on Walkin’ est extrait de l’album Brother Brother Brother sorti en 1972.

 

Le morceau That Lady est extrait de l’album 3 + 3 sorti en 1973.

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Gregory Isaacs, Goodbye Mr Cool Ruler

Le 25 octobre dernier Gregory Isaacs s’est éteint à Londres à L’âge de 59 ans. Hommage a un pilier de la musique Jamaïcain.

Né dans la zone de Fletcher Zone à Kingston, en 1951, Gregory Isaacs fit son entrée dans le monde musical grâce aux « Talent Show Circuit », tout comme de nombreux autres artistes majeurs de la scène reggae Jamaïcaine: John Holt… Surnommé le Cool Ruler il avait la caractéristique d’être un pur chanteur lover reggae, à qui on attribue la place de maître incontesté du lover’s rock. En témoigne le titre de son premier morceau : « Another Heartache »

Après des premiers pas infructueux accompagné du trio « The Concords » dans le courant des années 60, il décide de tenter l’aventure seul au début de la décennie 70. Il monte alors conjointement un label et un magasin de disques, tous deux appelés African Museum. Epaulé par Errol Dunkley il sort alors son premier morceau sur ce label qui deviendra très rapidement son premier hit. Il enregistre dans la foulée une série de titres avec les plus grands producteurs Jamaïcains de l’époque (Niney The Observer, Phil Pratt, Lee Scratch Perry).

Petit à petit, Gregory Isaacs va élargir son répertoire composé surtout de chansons d’amour, à des chansons plus engagées dont l’inspiration lui vient de son vécu dans les ghettos Jamaïcains. Entre 1973 et 1976 seulement, il enregistre autant de titres que ce que font la plupart des artistes dans toute leur carrière. Pour information, il a été estimé que le chanteur a sorti presque 500 albums (en incluant les compilations). Et on ne parle pas ici des singles. Les revendeurs de disques continuent d’ailleurs d’abreuver le marché avec des 45 tours de Gregory Isaacs.

Sous contrat avec Virgin qui développe son propre label reggae (Frontline) durant la seconde moitié des année 1970, il enregistre les concept albums « Cool Ruler » et « Soon Forward » qui connaissent un très grand succès et lancent Gregory vers une carrière internationale.

Au début des années 1980, il signe un contrat avec Island Records qui aboutira à la sortie de deux albums dont l’un, « Night Nurse » est souvent considéré comme son chef-d’œuvre.

Malgré des problèmes de drogue et certains passages dans les pénitenciers de Kingston, Gregory Isaacs bien décidé à remettre les chanteurs sur le devant de la scène, profitera de la décennie 80 pour satisfaire ses ambitions. Collaborant avec de nombreux producteurs tels que Sugar Minot, Prince Jammy, Bobby Digital ou encore King Tubby, il parvient à s’imposer comme un élément majeur de la vague Dancehall.

Gregory Isaacs ne baissera pas les bras dans les années 90 malgré une succession d’échecs, agrémentés de quelques éclairs de génie (bien souvent provoqué par les producteurs avec lesquels il travaille). Il enregistrera même deux albums avec son fils Kevin dans les années 2000. Malheureusement sa dépendance au Crack et le diagnostic de son cancer du poumon auront définitivement raison de sa motivation.

Gregory Isaacs restera cependant l’une des grandes figures du reggae grâce à  la quantité et la qualité de ses productions, ses shows mémorables et son parcours de 30 ans à travers l’histoire de la musique Jamaïcaine.

Rest in Peace Mr Isaacs…

Le morceau « Uncle Joe » est extrait de l’album « Cool Ruler » sorti en 1978.

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Les Antilles Françaises: carrefour des musiques Caraibéennes

Dans le courant des années 60 et au début des années 70, en Martinique et en Guadeloupe, le « Compas » Haïtien, la « Rumba » Congolaise et le « Guaguanco » Cubain se mêlent à la « Biguine » locale pour créer le « Tumbélé« . Un son unique des Antilles Françaises, qui donnera plus tard naissance au Zouk mondialement connu. Tout comme le Boogaloo en Amérique du Sud, le « Tumbélé » représente le lien entre la musique traditionnel Antillaise et les influences extérieures. Les centres musicaux les plus importants sont alors Fort-de-France et Pointe-à-Pitre.

Les mouvements de populations entre les pays et plus largement les continents de la zone, ont créés l’une des places les plus culturellement complexes et fertiles de la planète. Les vagues successives d’immigrants (volontaires ou forcés) ont toutes apporté des éléments de leurs patries d’origine. La musique de la Guadeloupe et de la Martinique devient alors une des plus vivante expression de la culture Caraibéenne.

Le groupe « Les Léopards », originaire de Saint Pierre, fut l’un des groupes les plus populaire en Martinique dans le début des années 70.

Le morceau « D’leau Coco », tiré de l’album de « les Léopards » sorti en 1973, est la parfaire illustration du son Tumbélé de cette époque (rapide et rugueux).

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Soul jazz orchestra: La nouvelle école de l’Afrobeat

Presque 40 ans après la naissance de ce style musical certains pionniers du mouvement tel que Tony Allen (batteur de Fela dans les années 70) continus à faire vivre la fièvre Afrobeat. Mais au delà de cette vieille école s’est développée une nouvelle garde qui porte haut le flambeau de ce style, mélangeant : funk, rythmes africains et instruments modernes. En témoigne les albums des fils de Fela, Femi et Seun ou des groupes comme Antibalas (Etats Unis), Akoya Afrobeat (Chicago), Fanga (Montpellier) ou encore Soul Jazz Orchestra (Québec) qui fera l’objet du sujet de cette semaine.

Composé de Pierre Chrétien (clavieriste), Zakari Frants (saxophone Bariton), Ray Murray (Saxophone Tenor) et de Marielle Rivard (percussionniste) également chanteurs, le groupe Soul Jazz Orchestra (Ottawa, Ontario) fondé en 2002, mixe dès son premier album (Uprooted) des sons Latin et Africains.

Soul Jazz Orchestra nous livre des partitions parfaites de ce que peut être la musique Afrobeat 4 décennies après sa naissance. Et ce, grâce à une série de morceaux longs et hautement instrumentaux, agrémentés de breaks hallucinants et de paroles ciselées et percutantes.

Soul Jazz Orchestra porte donc haut l’étendard d’un style musical où musique et contestation politique ont toujours fait bon ménage. En témoigne le titre « Mista President » tiré de leur second album (Freedom No Go Die), devenu un « classique » pour tous les amateurs du genre. Il sera d’ailleurs classé comme l’un des meilleurs morceaux de l’année 2002 par Mr Gilles Peterson.

Soul Jazz Orchestra porte donc haut l’étendard d’un style musical où musique et contestation politique ont toujours fait bon ménage. En témoigne le titre « Mista President » tiré de leur second album (Freedom No Go Die), devenu un « classique » pour tous les amateurs du genre. Il sera d’ailleurs classé comme l’un des meilleurs morceaux de l’année 2002 par Mr Gilles Peterson.

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Gil Scott Heron artiste activiste et précurseur du mouvement rap

Au même titre que les “Watts Prophets », les « Last Poets » et « H. Rap Brown », Gil Scott Heron demeure l’un des précurseur du mouvement rap. Sa poésie incisive qui s’apparente au slam a inspirée de nombreux rappeurs « conscients » (public Enemy, Ice Cube, KRS One…).

Né à Chicago, Gil Scott Heron passa  ses première années dans le Bronx. Fortement influencé par le travail du poète de Harlem Langston Hugues, il publiera son premier recueil de poèmes à l’âge de 13 ans. En 1968 il publie son roman « Le vautour », dans lequel  il se pose en chroniqueur de la société américaine avec une lucidité, une ironie et une intransigeance exceptionnelles.  Il se lance ensuite dans la musique sous les encouragements de Bob Thiele (légendaire producteur de jazz : Louis Armstrong, John  Coltrane…).

Son premier album « Small Talk at 125th Street and Lenox”, qui contient l’un de ses morceaux les plus connus “The revolution will not be televised » place immédiatement Gil Scott Heron dans la catégorie des artistes militants. Il n’hésite pas à se positionner contre le monde des médias possédé par les blancs et pointe du doigt l’ignorance des classes moyennes Afro Américaines envers les problèmes des populations pauvres des centre-ville.

Accompagné de musiciens de jazz, parmi lesquels Ron Carter, Bernard Purdie ou encore Hubert Laws, Gil Scott Heron  affirme son style sur les albums « Pieces of a Man » (1971) et « Free Will » (1972). Après avoir découvert le poète plein d’éloquence, on découvre alors un musicien et chanteur accompli. Les années 70 furent sans conteste sa période la plus prolifique. Le plus souvent accompagné par le pianiste Brian Johnson, son style flirte avec le free jazz aussi bien qu’avec des rythmiques pré-disco. La musique qui l’accompagne est aussi riche et variée que les thèmes de ses textes. Cependant à partir de la fin des années 70, même si il continue à donner des concerts, le public ne le suit plus et des rumeurs commencent à circuler sur sa dépendance à certaines drogues.

Dans les années 80, il continue cependant à enregistrer ; attaquant sans cesse le président Ronald « Ray-Gun » Reagan et sa politique conservatrice. Son pamphlet le plus connut à ce jour reste le morceau de 12 minutes intitulé « B-Movie ».

Gil Scott Heron refait surface dans les années 90 grâce à l’émergence du rap auprès du grand public. Ses morceaux sont samplés par de nombreux rappeurs. Ce qui ne l’empêche pas de critiquer vivement ces derniers dans son morceau « message to the messagers “ : « Four letter words or fours syllable words won’t make you a poet, It will only magnify how shallow you are and let everybody know it. »

Mais ses propres démons ne tardent pas à le rattraper. Interpellé plusieurs fois en possession de drogue, il a multiplié entre 2002 et 2008 les séjours en prison et centres de désintoxication. A sa sortie de prison en 2008, il est approché par le producteur anglais Richard Russell pour enregistrer un nouvel album : « I’m New Here » parait en février 2010

Le morceau que j’ai choisi de partager avec vous aujourd’hui est loin d’être le plus connu. Mais il prend toute sa dimension dans le contexte politique Américain actuel. Pour résumer, la résurgence des Républicains conservateurs à travers le Tea party.  A l’instar de Sarah Pailin qui martèle à chacune de ses interventions « Il faut leur dire, à Washington, on ne lâchera pas notre Constitution, nos armes et notre dieu». Affligeant…

Le titre “Gun” est tiré de l’album « Reflections »sorti en 1981 sur le label BMG.

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